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Neeting life, un manga sur toile de fond de pandémie

Kentaro a la quarantaine et travaille comme commercial dans une société de rénovation qu’il déteste. Depuis 10 ans, il met de l’argent de côté chaque mois dans un seul but : avoir assez pour rester chez lui et ne plus travailler, en vivant de manière minimaliste. Quand la pandémie de COVID-19 arrive, il y voit le signe que l’heure est arrivée. Enfin seul, chez lui, sans avoir besoin de ressortir !

Le pitch de Neeting life

En pleine pandémie, les Japonais sont invités à rester confinés, comme tout le monde. Pour beaucoup, c’est une épreuve difficile, mais pour Kentaro Komori, modeste employé d’une petite entreprise, c’est l’occasion rêvée de réaliser un plan de longue date : passer le reste de sa vie sans sortir de chez lui ! Pour prendre sa retraite anticipée et se retirer du monde, il a économisé et établi un plan au yen près… Après 20 ans de travail comme représentant commercial, Kentaro est épuisé et ne se voit plus que comme un simple rouage d’un système sans pitié. Au fond, ne serait-il pas plus heureux seul à la maison, en vrai NEET, sans emploi, études, ni formation, et surtout sans comptes à rendre à quiconque ?

Il transforme un studio sans voisinage en cocon ultime : au milieu de la pièce trône une tente avec son sac de couchage, son ordinateur et son radiateur. Kentaro peut enfin lire, regarder des films ou écouter de la musique à volonté ! Mieux, il invente un véritable art de vivre, avec un calcul précis des lessives nécessaires, la préparation de la playlist idéale, l’aménagement d’un coin livraison accessible depuis sa fenêtre… Le voilà calé pour au moins deux décennies de tranquillité ! C’est du moins ce qu’il s’imagine, jusqu’à ce qu’un inconnu tente de s’introduire chez lui…

Alors, on lit ou pas Neeting Life ?

J’ai adoré ce manga très différent de ce que j’ai l’habitude de lire. Le maître du thriller Tetsuya Tsutsui (Prophecy, Poison City…) nous présente ici un héros qui a tout de l’anti-héros. La quarantaine, débonnaire, clairement en burn-out… Il décide que de vivre en reclus est la solution à tous ses problèmes. Ne plus avoir à sortir, à se confronter aux autres lui semble être ce qu’il y a de plus proche du paradis.

Il calcule tout pour faire le moindre geste, et enfin se reposer. Comme il commande tout en ligne, il met en place un système pour ne pas avoir à parler au livreur. Pour ne pas descendre les poubelles, il installe un toboggan relié directement aux conteneurs. Mais alors qu’il croit être ENFIN tranquille deux évènements se produisent. D’abord l’arrivée d’une jeune voisine streameuse qui joue en ligne et dont les lives de Waste World sont incroyablement bruyants. Puis, surtout, la tentative d’intrusion d’un inconnu dans son appartement, jusqu’ici considéré comme son cocon sécuritaire.

Comment Kentaro va-t-il réagir à ces deux « cyclismes » qui viennent perturber sa routine bien rôdée ?

Le personnage de Kentaro est très attachant. Comme une tortue qui se sent agressé par le monde extérieur, il décide de se replier dans sa coquille, seul, pour ne plus avoir à gérer le stress de l’extérieur. Mais celui-ci se rappelle sans cesse à lui. Que ce soit à travers ses cauchemars sur son travail et ses traumas d’enfance, sa voisine de 20 ans qui lui rappelle ce que c’était d’être jeune, et l’intrus qui ne le laisse pas tranquille… Kentaro est poussé dans ses retranchements et se sent obligé de se poser les bonnes questions. Est-ce que vivre en ermite est vraiment la bonne solution ? La réponse à tous ses tourments ?

Le manga est certes un huit-clos, mais il offre quelques ouvertures sur le monde extérieur, qui font que ce livre n’a rien d’étouffant. L’ingéniosité de Kentaro est bluffante et son cheminement personnel est inspirant. Il me tarde de lire le tome 2 qui va clore cette histoire.

* Lire les premières pages

Neeting life de Tetsuya Tsutsui (seinen aux éditions Kioon) 7,95 euros, série en 2 tomes.

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