Le petite fille qui se posait pleins de questions
A 4 ans et demi, Crevette est une petite fille très éveillée. Elle est vive et intelligente. Elle regarde le monde avec les yeux grands ouverts. Se questionne beaucoup. Pas juste sur les cadeaux qu’elle va demander pour ses 5 ans dans moins d’un mois maintenant (gloups). Mais sur l’amitié. La justice. Les relations aux autres. La mort.
Ce soir, impossible de s’endormir. Elle avait besoin de parler, j’ai bien vu. Même si je dois bien t’avouer que j’avais juste envie qu’elle dooooorme. Pour pouvoir moi-même décompresser avant de me coucher. Mais bon, t’as un enfant, t’as signé. Le service après-vente est dispo 24 sur 24. Alors tu souffles un bon coup, et tu te concentres sur son besoin.
Ce soir, c’était un problème vital de 4 ans et demi donc.
« J’en ai marre de N. parce qu’elle veut toujours jouer aux Winx. Moi j’aimerais bien faire autre chose. Et puis elle joue toujours avec R. et moi j’ai pas envie de jouer avec lui. C’est toujours les mêmes jeux. »
Moi, pragmatique : – Ben pourquoi tu joues pas avec les autres ?
Elle : – Parce que les autres filles, elles jouent ensemble aux princesses.
Moi naïve : – Et toi tu veux pas jouer aux Princesses ?
Elle, blasée : – Non, moi j’aimerais jouer au Rock’n’roll, aux stars, aux castors…
Moi : -… ? Aux castors ?
Elle, énervée : – Ben ouiii ! Tu vois quoi, la vie des castors, comment ils font tout ça quoi !
J’imagine qu’ils ont du lire ou voir un truc sur les castors à l’école…
Bref. Ça a duré une heure. Impossible d’en sortir de cette conversation. Le pire c’est que je ne pouvais pas l’aider. Parce que je vais pas aller dans la cour obliger les autres à jouer avec elle à ce qu’elle aimerait. Elle n’a pas envie de se forcer à jouer aux jeux des autres, et c’est pas moi qui vais l’y pousser. Je ne veux pas qu’elle entre dans le moule. Mais bon, de toutes façons, ce n’est pas moi qui déciderait de tout ça !
Un problème vital de 4 ans et demi. Parfois je me prends à espérer qu’elle n’aie que ce genre de problème vital à gérer, pour toute la vie. Je sais, c’est beau de rêver.